Ce monde est une montagne
Nos actions sont un cri
dont l’écho, toujours, nous revient.
Rûmî, Mathnawi, Livre premie
Ce monde est une montagne
Nos actions sont un cri
dont l’écho, toujours, nous revient.
Rûmî, Mathnawi, Livre premie
Ne regarde pas ce que l’amour peut faire ou créer!
Regarde seulement les couleurs du monde.
L’eau de la rivière coule dans toutes les rivières
en même temps.
La vérité vit dans la force du soleil.
Rûmî
Phnom Penh, premiers pas
Je viens de me réveiller d’une longue nuit qui me séparait de mon dernier voyage. Je suis de retour chez moi, l’Asie m’attendait pour remplir mon corps de sensations enfouies, près à bouffer du sable et -à botter le cul de la mort en chantant-. Seulement quelques jours et il me semble être là depuis longtemps. Reste à confirmer ce que je souhaite entreprendre, ce que ne font pas les autres voyageurs ou si peu, rencontrer les profondeurs de ce pays par moi même, à la seule force de la volonté et du désir.
Mondolkiri, l’asso magnétique
Un dimanche aux aurores, mes hôtes franco Cambodgiens, Nico et Sinett partent travailler leur champs. Je ne vais pas rester à la maison me tourner les pouces quand ils vont se les crevassé sous le cagnard. Nous sommes accompagnés d’une troupe de villageois composée d’adolescentes et de papis. En fait de champs, je coupe à la machette une végétation dense, lianes, ronces, arbustes entremêlés, mer de verdure sauvage si épaisse qu’un homme pourrait s’y noyer. Sifflement des outils, sueur perlant au front, respiration haletante, je me prends pour Henri Mouhot, l’explorateur français –re découvreur- d’Angkor, taillant la jungle les doigts en sang.
Les quatre mille iles et le plateau des Boloven
Les quatre mille îles sont un four. L’air est immobile et au moindre mouvement je risque de fondre sur le sol brûlé. Nous ne sommes qu’au début de la saison chaude qui culminera en juin, et cette perspective m’effraie.
Proche de la frontière Cambodgienne, ces innombrables îles apparaissent à la saison sèche, seules les plus grandes sont habitées à l’année.
Pour ma première nuit à Don Det, la plus touristique, je cherche un coin tranquille pour poser ma tente et rencontrer des familles laotiennes. Le chemin qui en fait le tour est bordé en continue de bungalow. Seul l’extrême sud n’est pas habité et je trouve mon petit coin au bord de l’eau à coté d’une table en bambou. Je construis des barrières autour de la tente pour me protéger des buffles et part me promener pour voir dans un tour d alchimiste le soleil de plomb se fondre dans un Mékong d’or.
Lao là Haut
Toujours plus au nord. C est un tuk tuk collectif qui fait office de bus sur ces routes défoncées.
Je poursuis mes rêves, déterminé, depuis Luang Prabang je me prépare à cette aventure et me suis mis en quête de compagnon.
Attraper un fou, c’est chercher la flamme dans un regard, le porteur de tente, celui qui entre deux chemins choisira le plus ardu, le plus périlleux, connaît le prix de la beauté et la risque. Celui qui aura, chevillée au corps, la volonté d’habiter sa vie dans une dimension romanesque.
Quand ils se parlent, c’est entre les lignes qu’ils se jaugent; Evaluer les possibles, c’est faire de son rêve une affaire de partage, enfouir le doute dans la confiance mutuelle. Se reconnaître comme frères et aller ensemble écrire leur route là où les autres ne vont pas, puisque nous sommes d’ailleurs.
Sa porte d’entrée s’appelle Muong Khiaw, village serein comme la rivière Nam Ou qui y coule.
J’ai écrit 100 fois ce mail dans ma tête, les roues imprimant le bitume comme le rouleau d’une machine à écrire.
Les mots ne sont jamais arrivés jusqu’à mes doigts, et aujourd’hui, pour ces deux mois de joies, je suis en peine…
Dernière journée en compagnie de Lise ; Encadrés de rizières, nous découvrons ce musée impressionniste grandeur nature se redessinant au rythme des saisons, les pousses de riz comme les pinceaux repiquant l’oeuvre de nouvelles touches de couleurs. Ces tableaux vivant baignerons de beauté mes deux dernières semaines de route et de photos.
Porter le regard,
puisque la steppe est une invitation a l’au dela,
à l’appelle de l’horizon,
à l’excitation de l’inconnu, chaque pas invente l’instant d’après, ce qui est toujours a venir, au grès de la route, je sais ce que je fais la! Avoir 30 ans, et sereinement, regarder l’avenir.
Je n’ai plus le temps pour les lointaines Altaï et leur trois jours de route, il ne me reste plus qu’une vingtaine de jours de visa ; Je décide de partir vers les montagnes du centre du pays de nouveau en compagnie d’Astrid, partenaire d’aventure à toute épreuve.
Nous rejoindrons le village de Tsetserleg puis nous longerons la vallée du même nom après un détour par des sources chaudes. Nous finirons notre marche dans la vallée de l’Orhon.
En Mongolie, chaque pas se paye. Sur ces terres qui dévoilent si rudement leur beauté, le bois du marcheur ne se taille pas dans le bouleau. Le défi qu’elles nous lancent est aussi moral que physique. Laisser voler l’esprit au delà des collines, ne pas être tout à fait ici, car l’infini englouti l’homme solitaire. Les steppes sont trop grandes pour la lenteur d’un pas, le regard se perd et le marcheur s’y noie.